FLEUR DE VIE

La première rencontre vient d’avoir lieu, l’appel de Shamanka a été entendu et nous y avons répondu. Cette réponse qu’elle soit consciente ou inconsciente est le très beau cadeau que nous venons de nous offrir, même si nous avançons encore dans notre nuit intérieure sans les clés de fonctionnement. Une pulsation nouvelle s’éveille en nous, en notre cœur comme une lumière non identifiée mais qui résonne comme un connu lointain, ancien et oublié.

Cet appel, je l’ai entendu de nombreuses fois mais j’y ai répondu pour la première fois à une période de ma vie de jeune femme de la trentaine. La grande vague déferlante venait de s’abattre sur mon « rêve de femme » qui me semblait si important et essentiel à cette époque. Ma famille, celle que j’avais créée venait de voler en éclats, je me retrouvais séparée d’avec une de mes filles partie très loin et j’essayais de porter tant bien que mal la souffrance de mon autre fille, devenue orpheline de sa grande sœur.

 Je m’identifiais à un animal blessé, séparée des miens, pleurant en silence la perte maternelle sans me battre pour autant. Je souffrais dans l’ombre de milles martyrs nourris par ma culpabilité, je devenais mon propre juge, mon propre bourreau et je m’imposais de survivre psychologiquement en étant forte extérieurement. Ne rien montrer, prouver au monde extérieur et à moi-même que je pouvais m’en sortir malgré la sentence sans appel de mon juge intérieur : j’étais coupable, je devais être punie pour ne pas avoir réussi mon couple, de ne pas être la mère parfaite qu’on attendait, punie pour la souffrance de séparation infligée à mes filles.

Il n’était pas possible pour moi d’envisager de me reconstruire à ce moment-là tellement j’étais l’incarnation même de ce qui reste après le passage d’un tsunami. Seul, l’état de survie me permettait encore de me lever le matin pour me maintenir dans un semblant de présence à moi-même, et surtout je le devais pour ma fille restée avec moi.

 Je me sentais dissociée, avec une partie extérieure qui s’investissait à fond dans l’activité professionnelle jusqu’à oublier d’exister alors qu’une autre partie complètement disloquée à l’intérieur restait tapie au fin fond comme dans un terrier, aux aguets et tremblante de peurs et d’angoisses de toute sorte.

Aujourd’hui, vingt ans après, lorsque je me pose dans ce moment de vie, cette cassure, cette brisure représentait le Réveil, telle la Belle au bois dormant, la Vie m’avait contrainte à quitter un sommeil trop prolongé de l’oubli dans lequel j’étais tombé et le prince Charmant symbolisant la cassure de mon beau rêve endormi, m’avait foudroyé de son baiser mortel.

Même si mon innocence de petite fille dormait à présent dans le passé de mes livres de conte de fées, l’adulte que j’étais devenue prenait conscience, un peu brutalement, du rêve qu’elle s’était créé.

Ainsi débutait le véritable voyage initiatique vers la Reconnaissance de mon Cœur Féminin.

Pourquoi ne pas avoir répondu plus tôt aux premiers appels, me direz-vous ? Tout simplement parce que j’étais inconsciente, totalement investie et identifiée à ma vie de cette époque-là, je n’étais pas prête encore à emprunter ce chemin de retour.

Au contraire, je désirais encore plus me fondre dans ma création même si elle m’éloignait de mon Essence. Il me fallait attendre encore le vécu de ces événements et m’ouvrir aux messages dont tous ces événements étaient porteurs.

Alors pour celles qui ont entendu l’Appel intérieur de Shamanka, je vous invite aux préparatifs du grand voyage. Tout un chacun sait combien les préparatifs du voyage sont aussi importants que le voyage lui-même. Alors prenez le temps de rassembler votre énergie éparse afin d’y trouver une alliée précieuse durant les moments forts, ou de fatigue, ou de découragement ou de fuite.

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